Un dentiste peut-il faire un arrêt maladie ? La question surgit souvent, car l’imaginaire collectif cantonne généralement les prescriptions d’arrêt de travail aux médecins généralistes ou spécialistes. Cependant, la législation offre au chirurgien-dentiste certaines prérogatives qui dépassent la simple sphère des soins bucco-dentaires.
Selon l’article L.4141-2 du Code de la Santé Publique, le praticien est en droit d’établir des diagnostics et de prescrire des documents nécessaires à la prise en charge de son patient, pour peu que la situation relève de son domaine de compétence. Lorsqu’un acte ou une complication dentaire menace la santé générale du patient, l’arrêt de travail qu’il recommande peut alors se justifier.
Nous posons ici les bases d’un examen juridique et déontologique plus approfondi. Il s’agira de déterminer comment, dans le respect des textes et de la convention nationale des chirurgiens-dentistes, le praticien encadre sa prescription pour éviter les abus et garantir la pertinence de la mesure.
Le Code de la Santé Publique reconnaît la capacité légale du chirurgien-dentiste à porter un diagnostic et à prescrire les mesures appropriées, dès lors qu’elles relèvent de son champ de compétence. Plus précisément, l’article L. 4141-2 confère à ce praticien la responsabilité d’identifier et de traiter les affections bucco-dentaires, tout en établissant les ordonnances nécessaires à leur prise en charge.
Cette disposition englobe la délivrance d’un arrêt de travail si la situation clinique l’exige. L’objectif est de s’assurer que le patient bénéficie d’un repos temporaire, notamment lorsque la douleur, le risque d’infection ou la convalescence liée à un acte invasif l’imposent.
Au-delà de la loi, la Convention nationale des chirurgiens-dentistes consacre le droit de prescrire un arrêt de travail. Celui-ci doit toutefois demeurer médicalement justifié. Le chirurgien-dentiste est tenu d’expliquer le bien-fondé de cette interruption auprès du patient et, si nécessaire, auprès du praticien-conseil ou de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM).
Sur le plan déontologique, il s’engage à respecter la discrétion résultant du secret professionnel et à éviter tout abus de droit. L’intégrité et l’honnêteté prévalent, puisque la prescription n’a de légitimité que si la situation clinique du patient le commande.
Un arrêt de travail délivré par un dentiste doit toujours être motivé par l’état de santé bucco-dentaire du patient. Il est, en outre, impératif de préciser la durée et les raisons exactes de cette suspension d’activité, afin de prévenir toute suspicion d’abus. Le praticien doit ainsi établir un lien clair entre la pathologie diagnostiquée et la nécessité d’un repos.
À défaut, l’intéressé s’exposerait à des sanctions disciplinaires ou à une remise en cause par les organismes assureurs.
Lorsque le chirurgien-dentiste réalise des actes lourds, tels que des extractions multiples ou la pose d’implants, il peut être opportun de recommander un repos suffisant. Des soins endodontiques complexes peuvent également justifier une convalescence, compte tenu des risques de douleurs ou d’inflammation aiguë.
Un abcès persistant, de graves inflammations ou des risques d’infection conduisent parfois à différer la reprise de l’activité professionnelle. Le chirurgien-dentiste évalue, au besoin, l’état général du patient, en tenant compte d’éventuelles pathologies existantes ou d’un traitement médicamenteux susceptible d’alourdir la convalescence.
L’appréciation du temps nécessaire au rétablissement varie selon la complexité de l’acte : une chirurgie majeure exigera un repos plus long qu’une intervention légère. Dans l’hypothèse où des complications surgissent, le praticien pourra prolonger l’arrêt, moyennant une nouvelle consultation et un exposé clair des éléments justifiant cette extension.
Lorsque le chirurgien-dentiste juge qu’un arrêt de travail est nécessaire, il remet un avis d’interruption d’activité à son patient. Celui-ci doit alors remplir les formalités imposées par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, notamment en transmettant les volets requis dans le délai légal, généralement fixé à quarante-huit heures. Cette démarche permet d’enclencher le versement éventuel des indemnités journalières, sous réserve de satisfaire aux conditions prévues (durée de cotisation, justificatifs, etc.).
Il arrive que la CPAM sollicite des informations complémentaires, par exemple un rapport opératoire ou une description précise de l’intervention. L’objectif est de vérifier que le repos prescrit relève bien d’une nécessité médicale découlant d’un acte dentaire ou d’une complication bucco-dentaire. Le chirurgien-dentiste doit alors fournir, en toute confidentialité, les pièces justifiant son appréciation clinique.
L’employeur peut émettre des doutes sur la légitimité de l’arrêt s’il estime, par exemple, que la durée paraît disproportionnée au regard de l’acte réalisé. La Caisse elle-même peut contester l’arrêt si elle juge la documentation incomplète ou incohérente.
Dans une telle situation, le patient, ou le praticien, dispose de plusieurs recours : saisir le médecin-conseil, déposer un dossier devant la commission de recours amiable ou, en dernier lieu, engager une procédure auprès du pôle social du tribunal judiciaire.
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Il est souvent conseillé de communiquer avec le médecin traitant du patient afin d’assurer une continuité des soins. Cette coordination prend tout son sens si le patient présente une pathologie générale susceptible d’aggraver les suites de l’intervention dentaire. Le chirurgien-dentiste et le médecin traitant peuvent alors adapter la durée de l’arrêt à l’état de santé global.
Le patient, conformément aux principes du Code de la Santé Publique, a droit à une explication claire concernant l’arrêt proposé : durée prévisible, conséquences sur le plan professionnel et éventuels bénéfices médicaux. S’il arrive que le dentiste refuse de délivrer l’arrêt ou si la CPAM le conteste, le patient peut solliciter un second avis. Dans tous les cas, le consentement éclairé du patient demeure central.
Durant l’interruption d’activité, la CPAM peut organiser un contrôle pour vérifier la cohérence entre l’état dentaire et la durée de l’arrêt. Le patient doit se tenir à la disposition du service de contrôle. Pour la reprise, il est recommandé de prévoir une nouvelle consultation chez le dentiste, afin de s’assurer que les soins ont produit l’effet escompté et qu’aucune complication ne justifie une prolongation.
En cas de différend, le patient peut solliciter des éclaircissements auprès du praticien-conseil ou du dentiste. Il est également envisageable de saisir l’Ordre des chirurgiens-dentistes, qui intervient pour régler les litiges d’ordre déontologique. Si le conflit persiste, la juridiction compétente (pôle social du tribunal judiciaire) peut trancher.
Cette procédure garantit le respect des droits du patient comme ceux du praticien, assurant un équilibre entre la santé bucco-dentaire et la légitimité de l’arrêt maladie.
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Lorsqu’un dentiste procède à des interventions majeures (extraction multiple de dents de sagesse, ostéotomie complexe, etc.), les douleurs postopératoires et le risque d’infection peuvent justifier un arrêt maladie. Cette mesure, limitée à quelques jours, vise à :
Le chirurgien-dentiste s’appuie sur l’article L. 4141-2 du Code de la Santé Publique pour évaluer la nécessité de l’arrêt, au regard de la complexité de l’acte et du dossier médical du patient.
Un abcès étendu ou un traitement de canal difficile peut imposer un repos complet, évitant que l’infection ne se propage ou ne s’aggrave. Dans ce cadre, l’arrête maladie répond à l’obligation de préserver la santé générale du patient. Les principaux critères motivant cette interruption incluent :
Il importe de différencier l’attestation de repos d’un arrêt maladie officiel. L’attestation, bien que conseillant un repos limité, n’entraîne pas la saisine de la CPAM ni le versement d’indemnités. En revanche, l’arrêt maladie formalisé (via le document Cerfa requis) ouvre droit à des prestations sous réserve de satisfaire aux dispositions légales (délais, ancienneté, etc.). Le chirurgien-dentiste privilégie l’arrêt lorsqu’une suspension d’activité s’impose réellement à la suite d’un acte dentaire invasif.
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Le chirurgien-dentiste, s’appuyant sur l’article L. 4141-2 du Code de la Santé Publique, dispose du pouvoir de prescrire un arrêt maladie dès lors qu’une justification clinique l’exige. Sa compétence va au-delà des simples interventions bucco-dentaires et couvre la préservation de la santé globale du patient, notamment lorsqu’une douleur postopératoire ou un risque infectieux impose un repos vérifié.
Pour être valide, l’arrêt doit reposer sur des motifs médicaux précis et respecter les obligations administratives fondamentales :
Par ailleurs, le patient conserve la possibilité de solliciter un autre professionnel s’il conteste la durée ou la légitimité de l’arrêt. Les refus éventuels de la caisse ou de l’employeur se règlent en principe par la vérification du dossier médical. Dès lors que les règles légales et déontologiques sont respectées, le dentiste bénéficie d’une marge d’action pour garantir la récupération post-opératoire du patient et prévenir l’aggravation d’un état bucco-dentaire fragilisé. En somme, la prescription d’un arrêt maladie par un dentiste incarne la reconnaissance du rôle essentiel que joue l’art dentaire dans l’équilibre sanitaire général.